Toute ma vie a été marquée par la chance, une longue série de chances », de s’exclamer Rubin Gruber, B. Sc. 1965, D. Sc. 2014.
Cela dit, l’habileté de M. Gruber a certes également joué un rôle pour cet entrepreneur visionnaire intronisé au Temple de la renommée des télécommunications du Massachusetts en 2004.
On peut le prétendre, mais la chance a assurément été au rendez-vous» ajoute-t-il.
Il évoque son premier emploi, décroché dès l’obtention de son diplôme d’études supérieures, à titre de chercheur en mathématiques dans les laboratoires de la General Motors, au Michigan, où il a eu la bonne fortune de se retrouver sous la direction d’un patron féru de technologie qui connaissait le fonctionnement d’une toute nouvelle machine : l’ordinateur.
« Cet ordinateur a bouleversé ma vie, » dit-il aux étudiants, en 2014, à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes où il a reçu son diplôme honorifique de McGill.
« Je suis arrivé au début de la révolution technologique aux États-Unis. »
Né à Montréal, M, Gruber a poursuivi une carrière couronnée de succès aux États-Unis et comme pionnier de la voix par protocole Internet (IP). S’il lorgnait du côté du futur pour développer des idées entrepreneuriales, il gardait un pied fermement implanté dans le passé.
Alors qu’il étudiait les mathématiques et la physique à l’Université McGill, M. Gruber a reçu une Bourse J. W. McConnell durant quatre années successives. « Sans elle, jamais je n’aurais pu poursuivre mes études », précise-t-il.
Le Fonds de bourses Rubin Gruber a été mis à contribution 276 fois, et il poursuit son œuvre. Les bourses ont été attribuées à 248 étudiants de premier cycle des facultés des sciences et de génie mcgilloises, dont plusieurs aux mêmes récipiendaires, selon les résultats universitaires et les besoins de financement.
Ajoutons que plus de 100 étudiants de premier cycle ont également bénéficié de bourses d’été de recherche en génie Rubin Gruber (SURE) et des prix de recherche pour les étudiants de premier cycle en sciences (SURA) Rubin Gruber.
Mais, surprise, l’histoire ne s’arrête pas là! M. Gruber retourne régulièrement sur le campus mcgillois où il fait office de mentor auprès d’étudiants et d’entrepreneurs en herbe. Il épaule le Centre d’entrepreneuriat Dobson de McGill, et il a siégé comme juge à l’occasion du concours phare de démarrage d’entreprises du centre.
« Aider les étudiants me procure une sensation indescriptible », d’ajouter M. Gruber.
« Un formidable acteur de changement »
« C’est un formidable acteur de changement », de dire Bruce Lennox, titulaire de la Chaire Tomlinson de chimie et doyen de la Faculté des sciences de McGill.
« S’il est question de répercussions, nous disposons de preuves sous forme d’énoncés ou de rapports. Ces répercussions sont exceptionnelles et se manifestent exactement là où nous voulons concentrer nos efforts », d’ajouter M. Lennox.
Dans le cas des prix d’été, les étudiants de premier cycle sont à pied d’œuvre dans de véritables laboratoires de recherche », de préciser le doyen. Le programme SURA paie la moitié des salaires et le solde provient des superviseurs sous la forme de bourses de recherche. Les étudiants rêvent de travailler dans un laboratoire de recherche. Il leur est absolument impossible de réaliser ce rêve s’ils ne peuvent pas toucher 6 000 dollars ou encore se trouver un emploi dans un Second Cup. »
« Ils se fascinent réciproquement. »
Logique innée et prévoyance providentielle
Selon M. Gruber, McGill lui a enseigné à penser, et il souligne que les mathématiques et la physique consistent à appliquer la logique et à résoudre des problèmes. « Et, évidemment, cela dicte le reste de la vie. Il faut suivre le mode d’emploi. »
Il s’est fait des amis fantastiques et a tissé des relations qui durent encore à ce jour. Les camarades de la promotion de mathématiques/physique se réunissent chaque automne à l’occasion des Retrouvailles.
Tout comme les autres membres de sa promotion, il s’est tourné vers les États-Unis en quête d’un établissement de cycle supérieur dans l’espoir d’y décrocher un doctorat. Il a obtenu sa maîtrise en mathématiques à la Wayne State University pour recevoir ensuite une offre d’emploi au laboratoire de recherche de la General Motors.
Par la suite, il devient un entrepreneur en série. Il se réunit avec des collègues dans une salle où ils tentent d’imaginer ce que nous réservera l’avenir dans cinq ans et ce que les consommateurs voudront. « Puis, nous revenons au point de départ et nous explorons comment combler le besoin. Et c’est ainsi que nous avons créé des entreprises », précise M. Gruber.
Sa deuxième entreprise a tenté d’intégrer voix et donnée d’après l’idée qu’il serait beaucoup moins cher de communiquer des voix dans des lignes consacrées aux données que l’inverse. Mais les ressources techniques nécessaires n’étaient pas encore au rendez-vous.
« Cent fois sur le métier nous avons remis notre ouvrage. Nous étions en 1980. Et, en 1997, la technologie nécessaire a été mise au point, de sorte que nous avons pu transmettre la voix en sus des données », d’évoquer M. Gruber, qui, la même année, devient cofondateur de Sonus Networks, fabricant de commutateurs de paquets qui a gagné la faveur des compagnies de téléphone au détriment des commutateurs de circuits trop volumineux.
Rubin Gruber a adoré lancer des entreprises « parce que nous avions des idées. J’ai adoré édifier des entreprises de valeur à partir de zéro. Et, parlant de ses employés, voir des jeunes suivre cette voie est fantastique. Ce sont eux qui ont abattu le boulot, pas moi ».
Des conseils pratiques aux entrepreneurs en herbe
M. Gruber, qui croise des entrepreneurs tous les jours, est d’avis qu’il faut éviter l’erreur courante de vanter la technologie. « Certains ne cherchent même pas à vendre quoi que ce soit… J’aimerais au moins avoir une idée de la raison qui incite quelqu’un à acheter un produit. À quoi servira-t-il? Je ne m’intéresse pas aux aspects remarquables de la technologie. Je veux savoir pourquoi nous devrions aller de l’avant. »